Vers une nouvelle conscience européenne ?
Conférence débat, Goethe-Institut le 9 avril 2019
Les 26 et 27 mai 2019, les Européens des 28 États membres (y compris le Royaume-Uni) de l’Union européenne (UE) vont voter. C’est une date symbolique importante. Pour la première fois des jeunes qui n’ont pas connu le siècle précédant pourront participer au choix d’une assemblée qui devra être représentative. Mais comment vont-ils fonder leur vote, valeurs, intérêt ou rejet ? Et plus globalement comment construire un nouveau récit commun ?
S’il est très difficile à ce stade de prévoir ce qui sortira des urnes, il est quasiment certain que la collision entre les enjeux majeurs de l’Union et les préoccupations clés de chacun des pays membres éclatera en plein jour. Les débats croisent, voire opposent directement questions sociales et environnementales… Chaque pays est confronté à des crises, y compris démocratiques dans les pays qui affirment leur gouvernance comme une valeur fondatrice de leur identité. C’est aussi la question du pouvoir et de l’autorité qui interroge en France, en Italie, en Espagne, en Grèce, partout, et notamment la question des pouvoirs économiques. C’est partout la question des conditions de vie les plus élémentaires comme l’alimentation, l’habitat, la possibilité de se déplacer qui se pose interrogeant sur la santé et la qualité de vie, et même la possibilité d’avoir de l’eau, des aliments et de l’air potables.
L’Europe résistera-t-elle une fois de plus à cette crise ?
En s’appuyant sur les racines diverses mais riches de ses identités nationales et régionales, l’Europe réussira-telle à faire émerger des méta-valeurs communes à tous ses pays membres afin de promettre à tous un avenir commun plus serein ?
Alors que l’Europe a été fondée sur la promesse de valeurs d’ouverture de l’économie susceptible d’améliorer la vie, elle a perdu la confiance… C’est particulièrement vrai vis-à-vis des grandes entreprises, surtout celles liées à la finance. La lutte contre l’évasion fiscale ressort même comme une priorité des Français dans le Grand Débat national, alors que l’Europe la permet dans plusieurs des pays membres.
Seule la recherche de sens et de valeurs doit porter le projet européen. Le premier débat entre les têtes de listes pour les élections françaises a consterné tous ceux qui en sont convaincus, tellement les candidats semblent éloignés de cette conviction. Nous pensons que c’est sur une nouvelle narration européenne que nous pouvons fonder un nouveau projet où chacun puisse trouver sa place et se réconcilier avec un gout pour la découverte de l’autre, dans ses différences et sa culture, y compris les réfugiés.
La liberté de se déplacer en Europe est menacée, c’est un droit fondamental. Nos enfants sont aujourd’hui multiculturels, nourris de leur accessibilité au monde… Pourront-ils aussi continuer à s’enrichir et grandir grâce à Erasmus, dans des échanges grâce à l’euro ? Nous pouvons nous attendre au pire comme au meilleur. C’est à nous, humains, de prendre conscience, de solliciter notre imaginaire, d’inventer les solutions et les récits qui nous permettront de relever les défis et de donner un sens à nos vies.
Prendre conscience et changer pour un monde meilleur ? Ces questions sont avant tout culturelles. Modérer les usages des nouvelles technologies comme agir avec respect pour l’environnement remet en question nos systèmes de valeurs, nos représentations du monde.
C’est bien d’un changement culturel dont il s’agit, au sens des valeurs et des comportements, ce sera avant tout le sens du vote !
Gilles Berhault1, Carine Dartiguepeyrou2, Alexandra Mitsotaki3, Irène Papaligouras4
Cette tribune a émergé de la rencontre du 9 avril 2019 sur le thème « Vers une nouvelle conscience européenne ? » avec les interventions d’experts venus de toute l’Europe, organisée par la Fondation des Transitions, l’Observatoire des Valeurs et le World Human Forum, avec le concours du Centre culturel hellénique.
En savoir plus sur cette conférence : http://valeurs-europe.eu
[1] Gilles Berhault est le Délégué général de la Fondation des transitions (https://www.les-transitions.org) et Conseiller stratégie et développement de la Fondation contre l’exclusion (FACE).
[2] Carine Dartiguepeyrou est la présidente de l’Observatoire des valeurs (http://www.observatoiredesvaleurs.org)
[3] Alexandra Mitsotaki est la Présidente du Centre Culturel Hellénique (http://cchel.org) et co-Fondatrice du World Human Forum (http://worldhumanforum.earth)
[4] Irène Papaligouras est co-Fondatrice du World Human Forum (http://worldhumanforum.earth) et membre d’ l’Observatoire des Valeurs